- Photo Juliana e Mariana Amorim -
Alors que je participais à une démonstration de supervision, j’ai été témoin d’un incident entre le superviseur et le volontaire qui avait accepté de se faire superviser devant le groupe. Alors que le superviseur questionnait le supervisé sur l’expérience qu’il souhaitait explorer, le volontaire a commencé à exprimer de l’inconfort et de l’incompréhension sur le processus. Bien que le parcours de questionnement semble assez classique, un écart se creusait inéluctablement entre les deux, jusqu’à ce que le supervisé décide de quitter la séance.
Plusieurs éléments peuvent entraver le travail de supervision, à commencer par ce que chacun apporte en séance. Dans la situation dont j’ai été témoin, la compréhension de ce qui va se passer et l’adéquation entre les attentes de chacun auraient pu être davantage considérées en début de séance. Mais au-delà de cette première étape, supervisé et superviseur viennent en séance avec leurs propres croyances et peurs, qui peuvent non seulement faire dérailler le processus d’apprentissage collaboratif, mais affecter significativement la relation. La supervision comme toute relation d’accompagnement ou de développement est un espace où vulnérabilité et confiance sont les deux faces d’une même pièce.
Trois points sont spécifiquement à considérer dans la relation superviseur / supervisé :
La qualité du contrat implicite entre le superviseur et le supervisé
Si le contrat explicite couvre les aspects administratifs de la relation, les rôles et responsabilités et la confidentialité, un autre contrat plus implicite est à considérer. Appelé contrat psychologique, il clarifiera l’engagement de chacun à co-créer un environnement d’apprentissage sécurisé. Cet accord abordant notamment ce que superviseur et supervisé attendent l’un de l’autre et la façon dont ils vont travailler ensemble, la re-contractualisation en cours de supervision sera utile pour éventuellement faire évoluer la supervision ou la relation.
Les préoccupations concernant l’exposition et la perte de contrôle
Un supervisé vient chercher en supervision un équilibre entre soutien et challenge. Mais l’idée de se faire aider ou de recevoir du feedback peut être source d’inquiétude chez le supervisé dont l’autonomie serait alors perçue comme menacée, avec la crainte de perdre son statut ou sa liberté. Un échange honnête et direct entre superviseur et supervisé sur le sujet permettra de normaliser cette inquiétude et d’y remédier le cas échéant.
La relation de pouvoir entre supervisé et superviseur
En raison de son statut, son expérience ou même son titre, le superviseur peut parfois être perçu comme « meilleur » ou « supérieur » par le supervisé. Bien que ce soit une tendance tout à fait normale, il est essentiel de se souvenir que la supervision est un espace collaboratif d’apprentissage, où ni le supervisé ni le superviseur ne détient la solution. D’abord parce que les solutions aux problèmes posés sont multiples, mais aussi parce qu’il s’agit là d’explorer les modes de pensée et de fonctionnement du supervisé, qui lui sont propres et uniques. Normaliser et adresser si besoin cette tendance peut s’avérer important au cours de la relation.
Il n’est pas rare que ce qui se passe dans la relation entre superviseur et supervisé soit le reflet de ce qui se passe entre le supervisé et son client ou son collaborateur. Adresser spécifiquement tout ce qui pourra l’entraver, dès le début et tout au long de la relation, permettra d’optimiser les conditions d’apprentissage collaboratif offertes par la supervision.
Maintenant que nous avons exploré les coulisses de la relation entre superviseur et supervisé, à vous de vous exprimer : de quoi avez-vous besoin pour optimiser votre relation avec un superviseur ?
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